Un choix à travers les collections
du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée
A la Galerie Juvénal
Du samedi 20 septembre au dimanche 26 octobre 2025
Vernissage le vendredi 19 septembre 2025 à 18h30
Le photographe Brassaï disait avoir fait sienne la devise de Goethe, qui sur le tard confessait: « Les choses m’ont peu à peu élevé à leur hauteur. » Aveu d’humilité et d’exigence à la fois, façon de reconnaître, sûrement, que ce sont les choses qui nous font, bien plus que nous ne les faisons (ou les défaisons). Hommage à la beauté, à la noblesse, à la présence simple de la chose en soi — sans aller jusqu’à se demander, comme Lamartine, si les objets inanimés avaient malgré tout une âme, un peu comme les anges, un sexe, ou les cercles, une quadrature.
Hommage aux objets, donc. Dans leur modestie ou leur poésie, la petite aventure de leur banalité, de notre quotidien.
Hommage à la gravure, surtout! Et belle collaboration avec le Centre de la Gravure et de l’Image imprimée, à La Louvière, où Christophe Veys (aux manettes depuis trois ans) et son équipe se sont pris au jeu d’une sélection thématique, d’une diagonale éclairante à travers les quelque 16.000 images de leurs collections. Limité par les moyens, le temps et l’espace impartis, il n’en ressort pas moins un joyeux éclectisme qui n’a pas grand-chose à envier au désordre des objets eux-mêmes, tout en faisant droit à la profusion et à la richesse des techniques d’impression ou de reproduction : pyro-et linogravure, estampe et risographie, impression numérique ou, bien sûr, l’une des innombrables variantes, traditionnelles ou renouvelées, du procédé de gravure.
« L’objet » de cette exposition, sous toutes ses coutures, dans toutes les gravures, n’en demeure dès lors pas moins difficile à cerner. C’est d’abord le support de l’œuvre lui-même : essuie de bain revisité (Delphine Deguislage), canette de Coca customisée (Charlier ou Panamarenko), sur une table des verres effacés, des ombres portées (Michel Cleempoel). Ou bien même c’est l’outil, comme chez Kikie Crèvecœur, qui se fit connaître à travers ses naïves et merveilleuses enluminures tamponnées, taillées dans… des gommes ! Le moindre détail se prête à l’observation (un col de chemise, chez d’Herbais de Thun), à l’expérimentation et à l’imagination (les univers fabuleux de Jean Coulon), au détournement (les concepts prêts-à-porter de Jacques Charlier, les biens culturels à monter soi-même de Jean-Claude Salemi), à la recomposition (les études minutieuses et les services de table de Mario Avati). Mais les objets, dans le monde qui nous entoure, ce sont souvent et avant tout ceux de la (sur)consommation : abordée de façon frontale chez Claude Closky, nettement plus elliptique chez Marcel Broodthaers. à chaque époque ses modes et leurs objets : nos vieux vinyles n’en ont-ils pas vu de toutes les couleurs (Damien De Lepeleire) ?… Les instruments de mesure ne demeurent-ils pas innombrables, insondables (voir l’inventaire pseudo-exhaustif d’Alain Biet) ?… On ne viendra pas à bout, repérables çà et là, de quelques authentiques objets de curiosité ou d’attachement : objets fétiches — chacun les siens —, et tout dérisoires soient-ils, ils battent près du cœur et le laisseraient comme orphelin, viendraient-ils à disparaître.
Il y a l’objet ultime enfin, réputé hors d’atteinte : celui du désir. Désir, par exemple, de parcourir avec gourmandise les milliers d’autres pépites du CGII à La Louvière, précieusement conservées à l’égal de reliques ? Puisse en tout cas cet avant-goût changer notre regard sur quelques objets d’élection, ne serait-ce qu’en l’approfondissant un peu, en le décalant légèrement, en le laissant rebondir ailleurs.
Exposition accessible
les mercredis et les week-ends de 14h à 18h.
Entrée libre.
Visites scolaires
du lundi 15 au jeudi 18 septembre en matinée.
4€/élève.
Atelier de gravure
Le samedi 20 septembre de 14h à 16h
et de 16h à 18h.
Prix libre.
Une proposition de la Fondation Bolly-Charlier
en collaboration avec le Centre de la Gravure et de l’Image imprimée à La Louvière.