Du samedi 18 mars au dimanche 7 mai 2023 à la Galerie Juvénal
Vernissage le vendredi 17 mars 2023
Quarante doigts, huit mains et autant d’yeux, qui voient la même chose en principe, au moins deux par deux… Mais l’illustration est le terrain de jeu de tous les assemblages possibles et des contes à rebours : deux mecs et deux nanas, ça ne fait pas forcément un duo, ni deux couples — et l’idée n’est pas ici, loin s’en faut, de rejouer les oppositions binaires ou de s’adonner à une quelconque « battle » de pseudo-créatifs en mal d’adrénaline nocturne. Quatre, c’est toujours une occasion de plus de rebattre les cartes, prendre ou donner la main, ménager ou mélanger des alliances. Somme toute : de raconter des histoires.
Dessinatrice et autrice d’origine française, plasticienne au sens large installée en Belgique depuis 2007, Soulira Kerri (aka Soul K. quand parlent les doigts) pratique aussi bien l’illustration, la gravure, la bande dessinée, l’installation… Très tôt elle prend la main : « Petite, Soul K. dessinait sur ses doigts : deux points pour les yeux, une barre verticale pour le nez et une grande banane pour le sourire. Le moment le plus horrible était quand il fallait se laver les mains pour aller manger. Toute une famille était décimée au savon de Marseille. » Puisant aux sources des contes et de l’imaginaire collectif, Soul K. n’apprécie pas moins la satire sociale contemporaine et la critique acide, comme en témoigne son travail en auto-édition, en édition indépendante (presse, magazines et fanzines) ou son projet actuel d’un long roman graphique. Des thèmes qui trouvent un prolongement naturel dans l’univers, pourtant bien distinct dans le trait et les ambiances, de Fabienne Loodts. Celle-ci, diplômée de La Cambre avant de migrer à Berlin, a pour sujets de prédilection les gens, la foule, l’animation des grandes villes. Illustratrice pour la presse, la littérature jeunesse et adulte, elle a depuis une quinzaine d’années signé plusieurs livres chez divers éditeurs.
Le tandem Stéphane Ebner/Nicolas Mayné, en revanche, triche un peu : ces deux-là se connaissent et ont même déjà travaillé ensemble. Bruxellois de situation et de formation, ils ont tous deux fréquenté l’atelier illustration de l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Si le travail d’Ebner est essentiellement basé sur le rapport d’image à image et d’image à texte (« je veux explorer la manière dont la narration peut être liée aux spécificités du médium, comment la technique produit une narration où les images, formes, couleurs et techniques se répètent, s’imbriquent, se déplacent, varient comme un thème musical »), la pratique de Mayné s’est, ces dernières années, concentrée autour de la gravure, de la lithographie, de la photo, du livre d’artiste et de l’auto-édition, n’hésitant pas à mélanger les différents genres. Ensemble ils ont publié récemment le dense, coloré, accentué et récréatif “TÔA MOÄ”, album à hauteur d’enfant qui aborde par le détail des questions universelles…