Du 19 mars au 8 mai 2022 à la Galerie Juvénal
Née en 1978, Cathy Alvarez Valle est une artiste pluridisciplinaire qui produit notamment ou utilise, ou détourne, des images photographiques. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions, personnelles ou collectives en Belgique et à l’étranger et lui a valu de nombreux prix à Liège et au-delà. Sélectionnée l’été dernier pour le Prix de la Fondation Bolly-Charlier, elle revient au printemps 2022 avec une expo solo — ou presque —, à l’occasion de la publication aux éditions Yellow Now de son premier ouvrage monographique. Dans « Multiples (et) Affinités », la parenthèse n’est pas une vanité, ni le « et » une coquetterie. De multiple(s), il a toujours été question chez cette artiste qui aborde de façon… unique les arts dits « reproductibles » ; d’affinités, il n’est pas moins question, puisque deux maillages au moins donnent force et cohérence à son travail, en apparence fragile et délicat, presque impalpable. Le premier est bel et bien affectif, « sentimental » oserait-on dire (si le mot n’était lui-même désormais considéré comme un peu trop sentimental) ; qu’il y soit question de famille proche ou de lointains anonymes, on y trouve toujours la question du lien, solide ou ténu, affirmé ou recherché. Le second tissage est plus formel, esthétique : une forme, aussi bien qu’une matière, chez Cathy Alvarez, en appelle une autre, s’y verse et s’y prolonge ; une histoire n’est jamais finie, un récit jamais complet, une œuvre jamais définitive… Électives ou pas, les affinités (multiples), c’est cette capacité à faire exister la beauté d’un objet trouvé aussi bien que d’un sentiment délaissé.
Aussi cette exposition de Cathy Alvarez est-elle largement ouverte et inédite : vers le livre courant ou l’objet d’artiste, on l’a dit ; vers ces images qui se déploient en différentes versions, vibrant sous leurs couches successives : mouchoirs en céramique, images-bannières, textiles et drapeaux, images brodées, snapshots détournés… D’autres complicités s’énoncent : avec Laurent Danloy et l’univers du fanzine (ou de l’image chinée) ; avec les bricolages musicaux et les collages sonores de Ludovic Medery ; avec Carnita Alvarez, sœur de l’artiste et artiste elle-même (à moins que ce ne soit l’inverse) ; avec Maëlle Vivegnis enfin, complice dans la confection d’un « livre-refuge brodé ».
Le travail de Cathy, c’est la poésie infinie — qui se répète sans se ressembler, se dévoile tout en s’estompant. Et sous un ciel de fête, si faire se peut : un brin mélancolique peut-être, mais où l’on boit, mange et rit, où l’on se retrouve enfin.
Note : Pendant ce temps, non loin de là (à la Maison de la Poésie d’Amay) se tiendra une autre exposition, « Honorer le vivant », pour laquelle l’artiste sélectionne, avec les animatrices du lieu, des travaux d’atelier en résonance avec ses propres pièces, sous une forme plus organique : traces de bois, empreintes végétales, menus objets, écrits épars…