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Exposition – Sylvie Canonne – d’où vient cela

Sylvie Canonne - Rosier d'Amour

A la Galerie Juvénal
Du samedi 7 décembre au dimanche 19 janvier
Vernissage le vendredi 6 décembre à 18h30

Sylvie Canonne poursuit de longue date un travail à travers dessin, gravure, peinture, broderie, sculpture… Puisant aux élans de l’enfance et à l’intelligence du rêve, des mythes, ses œuvres s’originent aux silences et voix de la vie intérieure, explorent les résonances intimes ; elles pointent et traduisent, ainsi que le dit l’artiste, « les aspects non visibles du réel, de l’être ». L’idée de métamorphose est sûrement le fil le plus sûr qui peut y être suivi : transformations de « l’être » en effet, à quoi renvoient celles de la matière elle-même qui, comme dans le procédé de l’eau-forte, évolue, résiste, anime et arrime ; mais qui en découd aussi avec l’aspiration à l’élévation.

« Dans le travail à l’eau-forte, j’aime m’avancer dans l’inconnu, en aveugle, d’état en état, vivre le processus qui s’opère jusqu’à la rencontre amoureuse de l’encre noire et de la blancheur du papier. C’est ’gravé’, en une inscription profonde, durable mais que l’on pourrait transformer encore et encore. Miroir d’évolutions intérieures invisibles, le travail qui se vit dans la lenteur, la patience, exige vigilance mais néanmoins accueil, disponibilité à l’imprévisible. »

Tantôt la symbolique en est évidente, comme dans cette série de trois petites pièces où le tressage de fleurs tient lieu de guirlande des saisons, hommage au temps qui passe, à la beauté éphémère. Couronne native ou plutôt mortuaire qui unirait les deux dans une figure classique, « la jeune fille et la mort », via la mariée. Parmi les flux cycliques et les mouvements de balancier qui tendent la création (l’appel du puits et celui du ciel, le désir de dire et le besoin de se taire, le retrait dans l’intériorité et la rencontre de l’altérité), certaines dimensions sont plus lisibles. Dans les grands dessins monochromes rouges, et les verts à l’huile sur papier, les peintures bleues et vertes ne sont bien sûr pas sans évoquer les marques laissées en chacun par le confinement, le couvre-feu et, par-delà, tous les sentiments de solitude, d’impossibilité à se rejoindre. Mais à travers la densité et l’opacité — la noirceur même, pourrait-on dire — on finit par ne plus voir que la lumière et se laisser happer par elle, rejoignant par là la même liberté, mais aussi la solitude cosmique des oiseaux suspendus ou du rosier élégant et altier, bleu tendre et doré.

Sentinelle du délicat, veilleuse au seuil de l’immatériel, Sylvie Canonne aime à cultiver la gravure comme minutie et comme miniature, à pratiquer par suites et par séries (potentiellement infinies), tant on sent que la déclinaison est chez elle une façon d’exprimer, sans la nommer, une inclination. Aussi considérons-nous trop souvent peut-être que la profondeur est une qualité que l’on conquerrait en creusant, quand il vaut mieux au contraire la voir et la percevoir davantage en surface, fragilité bien ancrée qui ne se laisse qu’effleurer, oscillation patiente entre le temps et le trait.

Cette artiste hutoise précieuse, et de renommée, reçoit ainsi ici carte blanche pour une libre diagonale à travers ses travaux anciens et récents (bien plus qu’une rétrospective à proprement parler) ; mais aussi via un travail participatif avec les élèves d’une école dont l’exposition présente les premières expérimentation gravées. Ces appels d’air lui importent, tout comme ceux de l’atelier de gravure qu’elle anime régulièrement.

Quête du partage et de l’empathie qui n’est pas seulement le sujet de son travail, mais qui en constitue la matière même.

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